107. Cupidon pointe le bout de so nez.

Publié le 02/06/2024 à 00:20 par le-spermatozozo-ide Tags : course sur bonne moi femme air sourire

Si les cinq premiers mois de l'année défilèrent sans trop de vagues, les sept derniers allaient provoquer quelques déferlantes.

En ce milieu du mois de juin, fier comme Artaban, au volant de ma puissante berline, je rentrais en Belgique pour une permission bien méritée d'une semaine. La route déroulait à grande vitesse ses rubans d'asphalte sous les Michelin XAS de ''la'' Commodore du maréchal des logis Leloup.

La radio de bord hurlait ''kiss me'' de C. Jérôme ( bon ! Ce n'était pas le chanteur de mon cœur mais c'était le top du hit parade du moment ).

Refaire le plein complet de ma gourmande juste avant la frontière belge à la station Shell habituelle et ce afin de profiter des bons de carburant détaxés qui nous étaient octroyés en qualité de militaire stationnés à l'étranger. Un avantage bien réel qui permettait de limiter les frais de nos longues distances de déplacement.

Ce privilège était accordé suivant l'éloignement de la garnison et la puissance du véhicule et ne pouvait être utilisé que sur le territoire allemand. Of Course... J'ai ouï-dire que certains, ne rentrant que rarement ou jamais au pays, les échangeaient contre – par exemple – de nouveaux pneus. Bon ! Ben ! Tant pis !

Je profitais aussi de cet arrêt obligatoire pour me faire servir à la ''baraque à frites'' accolée à la station service une bonne portion de frites accompagnée de mayonnaise... sucrée ! Un choc gustatif la première fois... mais on s'y habituait vite. Portion complétée par une délicieuse ''curry-ketchup wurst'' Succulente saucisse coupée en rondelles, nappée de la sauce sus-mentionnée. Délichessssssssss.....



Durant ce séjour de détente, mes cousins bruxellois, fils de l'ignoble ''tante Alice'' que je n'avais plus vus depuis une éternité, venaient nous faire un petit coucou. J'ai donc emmené le plus vieux, Jean-Claude, pour une balade à bord de mon bolide dans la région sous prétexte de lui faire visiter la vallée mosane.

Ceinture bouclée, fesses serrées, main agrippée à l'accoudoir, je crois qu'il a bien apprécié le paysage qui se déroulait peut-être un peu trop vite. On est taquin ou on ne l'est pas. N'est ce pas !!!

En fin de journée, la famille reprit la route dans la voiture ''ordinaire''du paternel-facteur, engoncé dans son petit imperméable de Colombo. Méchant hein !! Quant à tante Alice, je ne savais pas quel comportement adopter avec elle... tellement elle m'avait laissé de mauvais souvenirs. Mais de nombreuses années étaient passées. En définitive, je crois que je suis resté neutre, sans chaleur mais poli... c'est le principal non ?

 

Presque au terme de mon congé, je descendais de ma chambre, tard dans la matinée et en entrant dans la salle à manger, j'eus un véritable choc. À droite, dans le petit canapé adossé au mur de la cuisine, une créature de rêve, assise, se tenait bien droite, tête légèrement baissée.

Elle leva les yeux une seconde en m'apercevant et mon cœur se décrocha littéralement et se mit à battre la chamade. Mes yeux s'écarquillèrent et s'emplirent d'une myriade d'étoiles. Mon pouls s'emballa et un flux de sang noya ma pauvre cervelle de jeune puceau. Ma respiration se bloqua un court instant, je manquais d'air et mon corps fut parcouru d'un énorme frisson.

Jamais je n'avais connu un tel dérèglement. Il se fallu de peu que je ne perde carrément les pédales.... la sortie de route assurée pour un pilote pourtant chevronné.

Sur ces entrefaites ma sœur Monique entra dans la pièce. Voyant mon trouble, elle fit les présentations sourire aux lèvres. Bon sang !!! Jacky ! Tu ne reconnais pas mon amie Jacqueline ? Pourtant, tu nous a déjà vu souvent lorsque nous venions dans le garage lorsque tu bricolais tes bagnoles.

Bon sang de bonsoir... comme dirait le capitaine Haddock. Bon sang mais c'est bien sûr. Dire qu'elles venaient alors tourner autour de la fosse dans laquelle je travaillais. Me montrant de ce fait leurs jolies jambes et même peut-être un peu plus. Mais, grand couillon que j'étais, je préférais alors ausculter les bas fonds de mon automobile.

J'avais raté le coche à cette époque. Aveuglé par ma passion de la mécanique. Maintenant, expliquait ma sœur, Jacqueline était la ''copine'' de mon frère Christian.

Et où était-il son tourtereau ?

Et bien... au Vibrato !!! Un bistrot qui se trouvait non loin de la collégiale, entre la rue Grande et la Meuse près du pont de Dinant.

Et oui ! Mon frère était un habitué des troquets. Il se faisait toujours un tas de copains auxquels il rinçait la dalle.

Christian, plus avisé que moi, avait intégré l'ECSOFA. L'école qui formait les sous-officiers de carrière à Anseremme/Dinant. Après son instruction, il avait été envoyé en Allemagne, au 13ème Wing Missiles stationné à Blankenheim non loin de Cologne. Il était sergent force aérienne et comme moi, actuellement en congé.

Bien sûr et je l'appris plus tard, ce couple avait été formé par ma sœur et ma mère- la marieuse.

Bouleversé, je ne pris même pas la peine de manger quelque chose. Je pris une tasse de café et disparus avec des interrogations plein la tête. Quel con j'avais été !

Assis au volant de ma berline, bien enfoncé dans mon siège, la tête posée sur le volant en bois, je fermais les yeux afin d'essayer de ressentir à nouveau les sensations cataclysmiques de mon corps en effervescence. Je revoyais cette jeune femme timide au visage d'ange, ses cheveux mi-longs légèrement ondulés sur le bas du visage et mon cœur se serrait... se serrait.

Cupidon m'avait frappé de plein fouet et sa flèche restait plantée solidement dans ma poitrine.